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Le Prophète du Vent

L'Amour

«...Même si beaucoup croient avoir imprimé dans leur coeur le visage de l’être aimé, souvent ils ne le rencontrent pas. Et dans de brûlantes attentes, ils consument leurs meilleures années.
Mais leur erreur ne fut pas d’avoir rêvé mais plutôt d’avoir trop peu rêvé.
En effet, ils ont peint ce visage avec les seules couleurs qu’ils connaissaient et non pas avec celles de la Vie.
Et ils ignorent qu’en son coeur, la Vie a pour eux des rêves plus grands que les leurs.
Grande partie de ce toi que vous sentez en vous n’est pas l’attente d’une douceur qui serait votre jumelle, mais c’est la douceur de votre moi le meilleur que vous refoulez au fond de votre coeur, en vous berçant dans l’illusion d’une rencontre manquée pour ne pas le faire aimer.
Vous scrutez alors des visages que vous ne connaissez pas parce qu’ils ne sont pas semblables au vôtre.
Mais nul n’est créé par la vie pour soutenir vos rêves parce que deux yeux ne sont pas faits pour se regarder l’un l’autre, mais pour regarder tous les deux dans la même direction, chacun devenant ainsi la lumière de l’autre.
Grandissez en comprenant ceci et vous trouverez aussi, en plus de ce que vous cherchiez, ce que vous ne cherchiez pas.
Ensuite, ne doutez plus.
Si vous doutez qu’il s’agit d’Amour, ce n’est effectivement déjà plus d’Amour dont il s’agit.
Et ne calculez pas. Si vous calculez vos pas, ce n’est effectivement plus d’Amour dont il s’agit.
Ne vous reposez pas sur les autres de tout votre poids.
Mais posez‐vous comme un rayon de Soleil sur une feuille. Et telle une feuille, accueillez l’autre rayon de Soleil.
Séchez vos larmes et donnez sans crainte cette lumière à votre coeur et cette chaleur à votre âme.
Mais gare aux enchantements ! Parce que les rayons de Soleil ne sont pas le Soleil.
Ne déversez pas sur l’autre toute votre nostalgie du ciel : celui‐ci ne serait pas en mesure de le contenir, tout comme vous ne pourriez jamais contenir le sien.
Ne jugez pas autrui pour ce qu’il ne pourrait jamais avoir ou vous finirez par vous sous‐estimer.
Et tout ceci n’est pas de l’Amour.
Ne vous précipitez pas l’un dans l’autre mais marchez ensemble en vous tenant par la main.
Portez l’être aimé non pas au centre de votre coeur mais au centre du sien, parce que c’est là qu’il trouvera et que vous trouverez ensemble le coeur au centre du cosmos.
Vous devrez traverser de nombreuses épreuves et souvent l’orgueil vous demandera de le choisir, lui, à la place de l’Amour.
Mais ne vous retirez pas de ces batailles parce qu’il n’en existe pas de plus utiles pour vous.
Si vous vainquez, vous aurez gagné.
Si vous perdez en combattant et en aiguisant votre coeur, vous aurez gagné.
Et quand, avec le temps, vous aurez pris la décision de fusionner vos deux vies, vous connaîtrez des sommets plus hauts mais également la dureté de chutes auxquelles vous n’auriez jamais pensé. Et souvent vous verrez vos rêves voler en éclats.
Ce n’est qu’alors que vous pourrez déployer véritablement vos ailes.
Ne maudissez pas les évènements parce que c’est vous qui tenez votre destin en main.
Et ce ne sera pas en brisant ce pot et en disant adieu à l’être aimé que vos racines trouveront une nouvelle force.
Cette cage d’argile est en réalité ce qui les empêche de se dessécher.
C’est vous qui dites, quand vous ne vous sentez plus aimés : L’Amour est fini. C’est en revanche la saison où il commence car la bravoure de celui qui gouverne le bateau est aussi de le faire voguer contre vents et marées.
C’est vous qui dites, quand finissent les sensations : Mais moi je n’aime plus.
Ne confondez pas l’Amour et ses seules sensations. Puisque la bravoure de celui qui gouverne le bateau est aussi de le faire voguer toutes voiles dehors jusqu’à d’autres zones de Vents.
Aussi, soyez fidèles, parce que dans l’infidélité vous vous dédoublez et vous divisez plus encore. Et si cela vous est déjà difficile de mener une vie, comment pourriez‐vous en mener deux de front, ou même plus ?
En divisant un germe en deux, on n’obtient pas deux vies, mais aucune.
En pensant découvrir de nouvelles joies, vous iriez au devant de douleurs bien plus grandes que celles que vous laissez derrière vous.
Posez à nouveau votre regard sur celui qui vous attend, non pas pour lui dire : Toi, tu ne m’aimes pas mais plutôt : Moi, je ne sais pas t’aimer.
Ceci est nécessaire pour amener l’Amour sur l’être aimé.
Levez les yeux sur les vertus de l’autre parce que vous avez passé du temps sans vous connaître.
Mais si vous pouviez entrer, et si vous le vouliez vous le pourriez, dans l’esprit de celui qui vous a accompagné, pour feuilleter ensemble le livre de votre vie, vous remarqueriez la beauté des pages déjà écrites tout comme celle des pages encore blanches.
Rappelez‐vous que votre coeur renferme un Vent inépuisable qui saurait aimer l’être cher, voire bien davantage. A travers lui, aimer le monde entier.
Prenez ce possible envol ensemble, telles des mouettes. Ne soyez pas orphelins de grandes joies et de grandes douleurs, en ne vous contentant de prendre que quelques risques.
Mais relevez la tête, et ayez confiance : si vous aimez de cet Amour, vous serez comme deux rayons qui se rejoignent au centre d’une roue, là où il est possible de comprendre tout le sens du cycle de la vie. » (Le Prophète du Vent, Stefano Biavaschi, Fidélité)

Voici "Le Prophète du Vent"

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